Connexion Le webzine d'Espace pour la vie | Été 2025

Veiller sur labiodiversité

Grand dossier

Du labo auterrain

Trois missions pour la nature

Redonner vie aux marais, traquer les bélugas avec de l’ADN et percer les secrets d’un criquet discret… Les scientifiques d’Espace pour la vie mènent des projets de conservation ayant le potentiel de faire bouger les choses. Découvrez ces missions essentielles pour la biodiversité!

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Courrier des lecteurs et des lectrices

Courrier des lecteurs et des lectrices

  • Pourquoi les manchots du Biodôme restent immobiles et dos à la vitre?
    Hugo Tremblay

    Pourquoi les manchots du Biodôme restent immobiles et dos à la vitre?

    La réponse de Jean-Philippe Gagnon, agent de recherche au Biodôme
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    Il est vrai que les manchots du Biodôme de Montréal se montrent souvent de dos. Ce comportement est lié à la lumière artificielle qui imite le soleil et qui est placée au-dessus des visiteurs et visiteuses. En nature, les manchots exposent leur plumage dorsal noir pour mieux absorber la chaleur du soleil et se réchauffer. En captivité, ils restent immobiles pour économiser leur énergie, ce qui est crucial dans un environnement aux températures basses. Ainsi, lorsqu’ils vous tournent le dos, c’est simplement pour se réchauffer, donc un comportement tout à fait naturel et non un manque de respect!

  • Que dois-je faire si je trouve une chenille dans mon potager?
    Lucinda Perez

    Que dois-je faire si je trouve une chenille dans mon potager?

    La réponse de Marie-Ève André, préposée aux renseignements entomologiques à l’Insectarium
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    Comme le papillon du céleri (Papilio polyxenes), plusieurs espèces de chenilles peuvent s’établir sur les plantes potagères. Et parfois même sans qu’on s’en rende compte! Si vous souhaitez observer la spectaculaire métamorphose d’une chenille en papillon, pourquoi ne pas choisir de partager avec elle quelques ressources qui foisonnent dans votre jardin? Le mieux est alors de laisser la chenille là où vous l’a trouvée. Elle a tout ce qu’il faut pour survivre par elle-même. Bien sûr, il est possible qu’elle soit mangée par un animal, comme un oiseau. C’est un des rôles importants des chenilles dans l’équilibre des écosystèmes naturels. N’oublions pas que les papillons contribuent à polliniser les fleurs du jardin. On leur doit donc, en partie, l’abondance de nos récoltes!

  • Comment faire pour se débarrasser de la renouée du Japon?
    Geneviève Englad

    Comment faire pour se débarrasser de la renouée du Japon?

    La réponse de Marie-Josée Bernard, préposée aux renseignements horticoles au Jardin botanique de Montréal.
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    La renouée du Japon est considérée comme l’une des pires espèces envahissantes de la planète. Son éradication est extrêmement difficile, aussi faut-il éviter à tout prix de la cultiver. Lorsqu'une petite colonie est présente, voici une façon de la maîtriser :

    Coupez les tiges au ras du sol à de nombreuses reprises pendant la saison, de façon à épuiser les réserves de la plante. Vous devrez effectuer ces tailles pendant plusieurs années. Notez que couper une colonie une seule fois risque de stimuler sa croissance.

    Ne compostez pas les résidus de taille et ne les jetez jamais en milieu naturel. Mettez-les dans des sacs à ordure robustes et étanches et entreposez-les au soleil pendant quelques semaines avant d’en disposer dans la collecte des déchets.

    Consultez le Carnet horticole et botanique pour connaître d’autres méthodes de lutte.

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Grande entrevue

Entretien avec une experte en IA et une collaboratrice d’Espace pour la vie
Sasha Luccioni

Sasha Luccioni
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Témoignage
Tom Bickle
Royaume-Uni

De la science participative àl'Astronomie

En 2019, alors que j’étais à la recherche d’une nouvelle activité en ligne pour passer le temps, je suis tombé sur un concept qui m’a fasciné : la « science citoyenne ». J’ai découvert que des scientifiques publient parfois des données en ligne afin que des personnes ordinaires puissent les aider à les analyser. Naturellement attiré par la science depuis toujours, cette opportunité m’a tout de suite accroché : elle m’invitait à contribuer à la recherche scientifique, sans avoir besoin d’une formation spécialisée. Parmi les projets proposés, Backyard Worlds a particulièrement retenu mon attention. Ce programme cherche à identifier des naines brunes, ces corps célestes à mi-chemin entre les planètes et les étoiles. Cette participation est rapidement devenue mon activité principale pendant mes temps libres. À force d’observer, j’ai repéré plusieurs objets intéressants, ce qui m’a valu d’être promu au titre d’« utilisateur avancé » et de rejoindre une communauté de science citoyenne. Celle-ci collabore directement avec l’équipe d’astronomes, discutant des avancées du projet lors d’appels Zoom hebdomadaires.

Être exposé non seulement à la science, mais aussi aux scientifiques qui la font avancer, a changé le cours de ma vie de façon inimaginable. En découvrant les rudiments de la physique des naines brunes, j’ai développé un intérêt grandissant pour la recherche, au point de vouloir en mener moi-même. Ma nouvelle passion m’a conduit à entreprendre un baccalauréat en astrophysique, dont j’entame la dernière année. Je me suis aussi mis à collaborer avec Jonathan Gagné, un astronome de l’équipe, pour étudier les jeunes naines brunes, qui sont âgées de moins de 200 millions d’années. Cela peut sembler vieux, mais quand on sait que les naines brunes vivent des milliards d’années, c’est en réalité très jeune! J’ai même publié un article scientifique évalué par des pairs sur une jeune naine brune dont j’ai fait la découverte. Une fois mon baccalauréat complété, j’ai l’intention de poursuivre mon parcours avec une maîtrise à l’Université de Montréal, sous la direction de Jonathan. L’an dernier, j’ai été invité à donner une conférence sur la science citoyenne lors du colloque Cool Stars, un rassemblement d’astronomes spécialistes des naines brunes, des étoiles de faible masse, du Soleil et des exoplanètes. Ce fut l’occasion de rencontrer plusieurs membres de l’équipe de Backyard Worlds pour la première fois en personne – une expérience inoubliable. Difficile de croire que toute cette aventure a commencé par un simple moment d’ennui, un moment qui a ouvert la voie à une carrière potentielle et qui a transformé ma vie du tout au tout.

Pour en savoir plus sur le projet de recherche auquel participent Tom Bickle et Jonathan Gagné, conseiller scientifique du Planétarium, lisez notre article.

Nature en photos

Nature en photos

  • Les saumons de la Mitis de Christine Beaulieu

    L’équipe de la Biosphère a le plaisir d’annoncer le retour du spectacle Les saumons de la Mitis, de Christine Beaulieu, présenté pour une deuxième année consécutive.

    En juillet 2024, nous avons eu la chance d’accueillir sur le parvis de la Biosphère cette fable écologique mettant en scène le saumon sauvage. Durant ces 13 représentations, plus 1 600 personnes ont eu la chance de se mettre dans la peau de ce poisson majestueux.

    Photo : Marie-Andrée Lemire
  • Les saumons de la Mitis de Christine Beaulieu

    Ce spectacle met en scène les différentes étapes de la vie du saumon, de la ponte des œufs jusqu’à son retour à la rivière Mitis pour y frayer. Il met en lumière ses transformations physiques, mais aussi les dangers qui le menacent.

    Photo : Marie-Andrée Lemire
  • Les saumons de la Mitis de Christine Beaulieu

    Au début des représentations, les familles sont invitées à chausser bottes d’eau ou souliers de plage pour rejoindre Christine Beaulieu dans le grand bassin situé devant la Biosphère.

    Photo : Marie-Andrée Lemire
  • Les saumons de la Mitis de Christine Beaulieu

    Les membres du public reçoivent une bille symbolisant un œuf de saumon. Ces billes sont progressivement reprises afin de traduire le taux de mortalité élevé des poissons à chaque étape de leur périple. Un procédé qui permet de souligner le fragile équilibre naturel sur lequel repose la survie des populations de saumons de la rivière Mitis.

    Photo : Marie-Andrée Lemire
  • Les saumons de la Mitis de Christine Beaulieu

    Crayon en main et les deux pieds dans l’eau, l’artiste Caroline Lavergne est également sur place pour illustrer les réactions de la foule. Rien n’échappe au regard attentif de l’illustratrice qui signe les dessins du livre Les saumons de la Mitis.

    Photo : Marie-Andrée Lemire
  • Les saumons de la Mitis de Christine Beaulieu

    Procurez-vous dès maintenant des billets pour les spectacles présentés du 20 au 24 août et venez en apprendre plus sur l’impressionnant parcours du saumon sauvage.

    Photo : Marie-Andrée Lemire
Billets en venteeast
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Trucs et astuces

Conseilspour réduire la pollution lumineuse

La pollution lumineuse a des impacts négatifs sur la faune, la flore, la santé humaine en général, en plus de déranger les astronomes amateurs et professionnels pour l’observation du ciel.

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Chroniques

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Redonnervieaux marais et aux marécages du Québec

Grand dossier | 1

Des scientifiques du Jardin botanique accumulent de l’expérience pour mieux restaurer et protéger ces écosystèmes menacés.

Par Annie Labrecque

Au Québec, la restauration des tourbières est bien maîtrisée. Mais lorsqu’il s’agit de redonner vie aux marais et aux marécages, les connaissances restent encore limitées. C’est justement le défi que relève l’équipe de Stéphanie Pellerin et Marie-Hélène Brice, botanistes et chercheuses au Jardin botanique et à l’Institut de recherche en biologie végétale, en collaboration avec une équipe de l’Université Laval. L’objectif de leur projet de recherche nommé Projet RARE : trouver la meilleure « recette » pour restaurer ces écosystèmes fragiles et proposer des solutions adaptées à chaque site.

Replanter quelques arbres et quelques plantes ne suffit pas à restaurer un marais ou un marécage. Chaque site possède des caractéristiques uniques : nature du sol, type d’eau présente (de surface ou souterraine), durée des inondations, espèces végétales en place, etc. « Contrairement aux tourbières, où nous avons une méthode bien établie, il n’existe pas une approche universelle pour restaurer un marais ou un marécage. Il faut s’adapter à chaque site en s’inspirant des espèces retrouvées dans les marais et marécages naturels à proximité », explique Stéphanie Pellerin.

Sur le terrain, la première étape consiste à établir un couvert végétal avec un nombre restreint de plantes (comme certaines variétés de carex et de joncs) pour limiter l’invasion d’espèces exotiques et recréer les conditions typiques d’un milieu humide. « On commence par planter des espèces locales, puis, avec le temps, on enrichit progressivement la diversité végétale », précise-t-elle. L’expertise de l’équipe est sollicitée par des municipalités et divers organismes de protection de l’environnement pour des projets de restauration.

Dans la région de Farnham, l’équipe teste la création d’une microtopographie, soit des variations de relief à la surface du sol, pour observer comment cela influence la croissance des arbres. « Nous comparons la croissance des arbres plantés sur des buttes avec ceux installés sur des sols plats. L’idée est de voir si ces reliefs favorisent leur développement », résume Stéphanie Pellerin.

Une course contre la montre

Les milieux humides couvrent environ 11 % du territoire québécois 1, mais ils disparaissent à une vitesse alarmante. Depuis la colonisation, la moitié d’entre eux ont été détruits. Et ce n’est pas fini : une étude de 2013 montrait que dans les basses terres du Saint-Laurent, un cinquième des milieux humides restants avait disparu depuis le début des années 2000. Pour contrer ces pertes, le gouvernement impose depuis 2017 des mesures de compensation ou de restauration pour les milieux humides détruits.

Les marais et les marécages jouent un rôle crucial dans la préservation de la biodiversité, la régulation de l’eau et la captation du carbone. Grâce aux efforts des scientifiques du Jardin botanique, le Québec avance petit à petit vers une meilleure protection de ces écosystèmes.

1 Conservation des milieux humides et hydriques, Ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

Quelle est la différence entre un marais et un marécage?

Les marais et les marécages sont deux types de milieux humides où l’eau façonne la végétation et les sols.

Les marais sont dominés par des plantes herbacées telles que des graminées, des fleurs et des plantes basses, ressemblant à une prairie inondée. Quant aux marécages, ils sont caractérisés par la présence d’arbres et évoquent une forêt partiellement immergée.

Marais

Marécage

Le criquetqui ne vit qu’aux Îles-de-la-Madeleine

Grand dossier | 2

Une équipe de l’Insectarium projette d’élever des spécimens de cet insecte afin de mieux le connaitre et le protéger.

Par Annie Labrecque

Le criquet Melanoplus madeleineae, qui vit uniquement aux Îles-de-la-Madeleine, a été décrit pour la première fois en 1978 1. Contrairement à certaines espèces capables de parcourir des centaines de kilomètres, celle-ci ne peut voler et demeure donc confinée aux Îles. Cet été, des scientifiques s’y rendront pour capturer des femelles dans l’espoir de les élever et d’en apprendre davantage sur l’espèce. La tâche risque d’être ardue : l’insecte est difficile à repérer, car il ne produit aucun son et adopte un mode de vie nocturne.

« On ignore presque tout de sa biologie : son cycle de vie, son régime alimentaire, son mode de reproduction, le nombre d’œufs pondus… », énumère Julia Mlynarek, entomologiste à l’Insectarium. « Même la taille de sa population reste inconnue. Si un événement majeur frappait les Îles-de-la-Madeleine, cette espèce pourrait disparaître », s’inquiète-t-elle. En 2016, un rapport du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada avait d’ailleurs souligné la vulnérabilité du criquet.

L’organisme sans but lucratif Attention FragÎles, qui protège la biodiversité sur le territoire madelinot, a effectué un suivi de la population du criquet. En 2024, quelques dizaines d'individus ont été observés comparativement à huit en 2023 2. « Si les œufs mettent deux ans à éclore, cela pourrait expliquer la variation de la population d’une année à l’autre », pense Julia Mlynarek. Les données récoltées cet été influenceront les stratégies de conservation à déployer. « Pour protéger l’espèce, il faut préserver son habitat naturel », insiste la chercheuse. Cet habitat est notamment menacé par les perturbations climatiques et humaines.

1 Criquet des Îles-de-la-Madeleine (Melanoplus madeleineae) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2016, Gouvernement du Canada

2 Attention FragÎles, 2024. Rapport d’inventaire; Criquet des Îles-de-la-Madeleine (Melanoplus madeleineae), sur l’archipel des Îles de la Madeleine, 2024. Présenté au Service canadien de la faune, Environnement et Changement climatique Canada/Gouvernement du Canada. Attention FragÎles, Conseil régional de l’environnement. Îles-de-la-Madeleine (Québec). 11 p. En révision.

Le défid’élever des criquets

Reproduire des criquets en captivité est loin d’être une tâche facile! Thierry Boislard, assistant entomologiste à l’Insectarium, veille sur l’élevage des insectes et sait à quel point il est difficile de recréer les conditions parfaites pour faire éclore les œufs de criquet. En général, ceux-ci passent par une période de diapause, c’est-à-dire un état de dormance leur permettant de survivre aux rudes conditions environnementales avant d’éclore au printemps.

Mais en laboratoire, déclencher cette émergence est complexe. « Est-ce la température, le taux d’humidité ou la photopériode qui influence l’éclosion? », s’interroge Thierry Boislard. Trouver la bonne combinaison de facteurs est un casse-tête. Si la capture de cet été est réussie et que les spécimens peuvent être étudiés sous les soins de l’équipe de l’Insectarium, les entomologistes seront aux premières loges pour en apprendre davantage sur son cycle de vie, son développement et ses plantes hôtes.

Et qui sait? Peut-être pourrons-nous bientôt admirer ce criquet dans les vivariums de l’Insectarium!

Sur les traces de l'adnenvironnemental

Grand dossier | 3

Un simple échantillon d’eau prélevé dans l’estuaire du Saint-Laurent renferme une foule de secrets sur les espèces qui évoluent dans l’habitat du béluga.

Par Annie Labrecque

Bientôt, des personnes résidant près de l’estuaire du Saint-Laurent, ainsi que les touristes de passage, seront invité.e.s à s’impliquer dans un projet de science participative unique : code Béluga. Leur mission? Aider à détecter la présence d’espèces dans l’écosystème du béluga… en prélevant un échantillon d’eau!

Les échantillonnages se feront en suivant un protocole établi par Génome Québec et avec l’accompagnement de l’équipe d’éducation du Biodôme. Ces prélèvements seront réalisés à trois moments de l’année au printemps et en été, à quatre endroits de l’estuaire.

Mais comment un simple prélèvement d’eau peut-il révéler la présence d’espèces? Chaque organisme relâche du matériel génétique dans son environnement à travers ses fèces, son urine, son sang ou encore des fragments de peau. C’est de l’ADN environnemental (ADNe).

« Il s’agit de rendre l’invisible visible! »

Francis C. Cardinal, éducateur-concepteur scientifique au Biodôme

Moins intrusive que la capture ou l’observation directe, cette méthode apportera un éclairage sur l’état de la biodiversité et sur l’écosystème changeant de l’estuaire du Saint-Laurent.

Cette initiative permettra de mobiliser la population autour de l’importance de la préservation des écosystèmes aquatiques. Les résultats seront ensuite disponibles tant pour la recherche que pour le public afin de soutenir les efforts de conservation des espèces clés du Saint-Laurent.

Découvrir code Béluga au Biodôme

Le grand public en visite au Biodôme pourra lui aussi plonger dans cette aventure scientifique grâce à une série d’activités éducatives en lien avec l’estuaire du Saint-Laurent, le béluga et l’ADN environnemental.

Avec code Béluga, la science participative ouvre assurément une nouvelle fenêtre sur la biodiversité marine du Saint-Laurent!

Sasha Luccioni

Grande entrevue

À Espace pour la vie, nous avons le plaisir de collaborer avec des spécialistes d’horizons divers. Deux jours après son passage à Tout le monde en parle, nous avons pu rencontrer Sasha Luccioni alors qu’elle visitait l’Insectarium, qu’elle surnomme affectueusement son « happy place ». Nous en avons profité pour lui poser quelques questions sur son travail, et sur son engagement à préserver la biodiversité.

L'intelligence artificielle peut-elle être au service de la biodiversité?

Comment en êtes-vous venue à collaborer avec l’Insectarium?

C’est dans le cadre de mon ancien rôle à l’Institut de recherche en intelligence artificielle Mila que j’ai rencontré l’équipe de l’Insectarium. Le musée était alors en reconstruction et ils souhaitaient lancer une application pour reconnaître et identifier les papillons. Cette fonctionnalité de l’intelligence artificielle (IA) maintenant intégrée à l’application Espace pour la vie, permet d’identifier les papillons photographiés lorsqu’on se trouve dans le Grand Vivarium.

D’ailleurs, un ami m’a dit qu’il s’amusait à prendre des photos de lui avec l’application pour voir quel papillon sera proposé. Ce qui est intéressant, c’est qu’il y aura toujours un papillon qui sera généré. Et c’est un peu le genre d’idées créatives qui me vient en tête lorsque je pense à des projets en lien avec l’IA.

Donnez-moi des exemples de ces projets...

À l’image de cette application, j'aimerais développer des projets qui utilisent l'IA pour sensibiliser les gens à la biodiversité. Par exemple, une cabine photo qui te montrerait à quel insecte tu ressembles en fonction de la couleur de tes vêtements. Ou encore, une exposition interactive où les visiteurs et visiteuses partagent une histoire ou leur vision de la biodiversité et l'IA génère des images ou des vidéos illustrant leurs propos.

En parlant de se connecter à la nature, qu'est-ce qui est fait ou pourrait être fait pour préserver la biodiversité avec l'aide de l'IA?

Un des problèmes de la surveillance de la biodiversité, c’est qu’on a uniquement des données, des photos et des observations dans les endroits où il y a beaucoup de monde, comme en ville ou en campagne, mais on n'en a pas beaucoup, par exemple, dans le Grand Nord. Il y a des endroits très bien documenté, comme en Allemagne, dont les données enregistrées sur les papillons remontent à 1840 et ces données sont essentielles, car elles nous permettent d’évaluer les effets des changements climatiques sur les écosystèmes et proposer ensuite des solutions aux gouvernements.

Pour remédier à ce manque d’informations, des scientifiques ont développé les stations automatisées de surveillance de la biodiversité. Alimentées par l'énergie solaire, elles permettent de collecter des données dans des lieux peu fréquentés. Ces stations génèrent et traitent une grande quantité de données standardisées et fiables.

Ainsi, on peut utiliser l'IA pour récolter des données et aider les scientifiques à démontrer que la biodiversité est en déclin. Elle nous aide à développer des solutions pour une gestion durable des habitats locaux.

Il y a aussi des outils accessibles à tous et à toutes qui ont la capacité de nous rapprocher de la nature comme eButterfly et iNaturalist, lesquels ont des outils d’identification de la biodiversité générée par l’IA.

Est-ce qu’il y a de bonnes ou de mauvaises utilisations de l'IA, sous l’angle de l'empreinte écologique?

Ce n’est pas tout noir ou tout blanc, c'est vraiment du cas par cas. Il faut réfléchir au contexte et considérer les alternatives. On peut comparer, par exemple, avec des moyens de transport. Est-ce que je prends ma voiture, le vélo ou le transport en commun? Cela va dépendre de ma condition physique, de mon environnement et de mon lieu de destination.

Il faut vraiment réfléchir aux usages et à nos objectifs. Par exemple, si on veut faire des calculs, il faut utiliser une calculatrice... Toutefois, si on a besoin d’explications pour comprendre le calcul, l’IA sera utile.

Voici l’exemple d'un très mauvais usage de l’IA : utiliser ChatGPT comme simple moteur de recherche. Cela demande énormément d’énergie, et ce n’est pas nécessaire. D’un autre côté, c’est utile pour générer quelque chose de nouveau. J'ai souvent recours à des alternatives d’IA de codes sources ouverts, tels que huggingface.co/chat, pour m’aider à trouver des titres intéressants pour les articles que j'écris.

Quel serait le meilleur développement pour l’IA? Le meilleur avenir?

Je pense que le meilleur avenir pour l'IA est celui où les innovations sont partagées et ouvertes. Les géants du web ont tendance à garder leurs modèles privés, ce qui freine l'innovation et la progression de la science. Il faut que la science soit ouverte pour que nous puissions reproduire les résultats, les critiquer et les améliorer. C'est pourquoi je privilégie l'utilisation de codes sources ouverts et que je collabore avec des organisations comme Espace pour la vie.

Conseilspour réduire la pollution lumineuse

Trucs et astuces

Une bonne partie de la population urbaine a oublié l'émerveillement que suscite la vue d'un ciel étoilé. Nous avons perdu ce contact direct avec la beauté de la nature, mais nous pourrions le retrouver au prix de quelques sacrifices.

En 2018, le Service de l’urbanisme et de la mobilité de la Ville de Montréal a commencé à remplacer ses anciennes ampoules au sodium à haute pression pour des ampoules DEL. À l’été 2020, l’équipe du Planétarium a analysé l’impact de ce changement sur la pollution lumineuse à Montréal. Cette étude a permis d’identifier trois recommandations à appliquer pour réduire la pollution lumineuse. Nous vous invitons à vous en inspirer pour choisir l’éclairage de votre maison.

  1. 1

    Couleur

    Éviter à tout prix les DEL de couleur bleutée de plus de 4000 K. Il est recommandé d’utiliser des appareils d’éclairage qui diffusent de la lumière ambrée (donc plus chaude, sans toutefois être rouge). Les DEL de 1800 K et moins sont particulièrement bénéfiques pour réduire la pollution lumineuse.

    Les DEL ambrées, souvent perçues à tort comme étant trop rouges, produisent une teinte similaire à celle des anciens lampadaires. Elles permettent une meilleure perception des couleurs et éclairent efficacement la chaussée, tout en minimisant la pollution lumineuse.

  2. 2

    Orientation

    Choisir un luminaire qui n’envoie aucune lumière au-dessus de l'horizon en privilégiant un éclairage directionnel (de type « full cutoff »). En choisissant un appareil d’éclairage qui diffuse la lumière uniquement vers le sol, vous éclairez l’endroit approprié, sans causer d’éblouissement.

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    Durée

    Utiliser un minuteur pour éteindre automatiquement les lumières pendant la nuit ou installer un détecteur de mouvement permet de diminuer le temps d’éclairage.

Toutes ces stratégies nous permettraient de retrouver un ciel étoilé d'une grande beauté, sans sacrifier notre sécurité! Si on fait l'effort d'éclairer stratégiquement, il n'y a que des avantages!

Vous pouvez en savoir plus en lisant notre article de blogue sur l’impact de la technologie DEL sur la pollution lumineuse à Montréal.